Déconstruire plutôt que démolir : quel mode opératoire ?

La déconstruction d’un bâtiment en vu de la valorisation de ses déchets passe par plusieurs étapes indispensables à la cohérence de la démarche, de l’évaluation des déchets au schéma directeur de la déconstruction et des filières locales.

Aujourd’hui la plupart des ouvrages prévus à la démolition peuvent faire l’objet d’une déconstruction sélective, afin de valoriser les déchets ou de réemployer les matériaux, si ceux-ci ne sont pas dégradés ou sinistrés. Néanmoins toutes les techniques de démolition ne permettent pas de satisfaire cette démarche et une étude précise du processus de déconstruction doit être réalisé en amont. L’objectif est d’obtenir un taux de valorisation pouvant atteindre 80 voir 90% (la loi du 17 aout 2015 relative à la transition énergétique exige 70% de valorisation).

Quelle méthode pour la valorisation ?

  • Le diagnostic PEMD permet de recenser et de quantifier la matière valorisable sur un bâtiment existant, et d’identifier les différents centres de collecte et filière qui permettront la prise en charge des déchets et matériaux ayant un potentiel de réemploi. Ce diagnostic est le point de départ des études de démolition et permettront de traduire les éléments obtenus dans le dossier de consultation des entreprises de démolition.
  • Les études de déconstruction permettront d’identifier et d’établir la méthodologie spécifique au chantier de déconstruction. Ces études devront être réalisées par une maitrise d’œuvre spécialisée et compétente pour identifier les matériaux ayant une valeur intrinsèque. Si la piste du réemploi est favorisée, un diagnostic ressource permettra de préciser les éléments réemployables et les conditions à cette réalisation.
  • La consultation déconstruction devra donner des objectifs de valorisation, le règlement de consultation est un outil essentiel pour choisir les entreprises adéquates à l’opération : celles-ci devront démontrer des moyens et des références adaptés.
  • Le chantier de déconstruction doit être adapté au projet, selon la méthodologie établie en phase étude. Sa spécificité nécessite une approche quasi identique à un chantier de construction, intégrant une phase EXE en amont du démarrage de chantier. Le travail matériau par matériau plutôt qu’élément par élément implique des précautions de dépose, de stockage, de conditionnement et d’évacuation. Le tri en pied de bâtiment est déconseillé, le mode opératoire de la déconstruction doit permettre un tri efficace directement lors de la dépose des éléments.

En fonction du bâtiment et de sa composition, un chantier de déconstruction peut être financièrement plus avantageux qu’une démolition standard : le tonnage et la typologie des déchets entrainent des frais de mises en décharge, qui peuvent être éviter si les déchets sont valorisés. Par exemple une structure en béton curée et non souillée peut-être envoyée à une plateforme de recyclage à raison d’un faible coût à la tonne, alors que sa mise en décharge coûte 10 fois plus cher. Le coût de la déconstruction, forcément plus onéreux qu’un coût de démolition, est alors compensé par le coût de la filière. Un diagnostic déchets ou PEMD approfondis en amont, permet de mettre en avant la cohérence du modèle sur un projet déterminé.